Éruption Etna 1669
Beaucoup de lieux de Catane ne sont plus visibles car effacées par les fréquents tremblements de terre au cours des siècles et par la fureur de l’Etna, qui avec ses éruptions, a toujours repensé l’ensemble du paysage de la côte ionienne. L’éruption de l’Etna en 1669 est particulière à plus d’un titre : c’est une éruption excentrique, avec effusion magmatique. Elle a généré la plus longue coulée de l’Etna : 15 km. C’est aussi un premier cas d’essai de détournement des coulées de lave.

Le 8 mars, la terre tremble près de Nicolosi. Le 11 mars, une fissure radiale longue de plusieurs kilomètres s’ouvre, six bouches vont s’édifier sur la fissure. Dans la nuit suivante, de grandes quantités de lave sont émises. En environ 20 heures, la coulée noie la ville de Malpasso. Heureusement, les 8.000 habitants l’ont fui à temps. Le 12 mars, sept autres bouches s’ouvrent pour ensuite devenir coalescentes et former un cratère qui présente une très forte activité explosive. Le vent va porter les cendres jusqu’à la pointe sud de la Sicile.
Peu à peu, l’un des plus grands cônes adventifs de l’Etna s’édifient : les Monti Rossi. La lave continue à jaillir et les coulées, réparties en trois bras, détruisent une douzaine de localités. Le 15 avril, une coulée atteint les murs de Catane et contourne la ville, la lava arrive le 23 avril à la mer ! Elle s’y avance de 1500 mètres. Une autre partie des remparts cède et la lave entoure le Castel Ursino, situé à cette époque sur une falaise en bordure de mer. Il sera relégué à un kilomètre dans les terres, ses douves emplies par la lave !
Le 30 avril, une brèche s’ouvre dans la muraille de la ville, la lave s’y engouffre. Une déviation est tentée par un groupe d’une cinquantaine d’hommes, dirigés par Diego Pappalardo. Couverts de peaux de bêtes trempées d’eau au préalable, ils ouvrent, à l’aide de piques et pioches, une brèche dans la paroi latérale solidifiée de la coulée. La lave s’y écoule et interrompt sa progression vers Catane, mais se dirige vers Paterno, dont les habitants, furieux, chassent les hommes de Pappalardo.
La brèche se referme et la lave reprend sa progression vers la ville, où les maisons s’effondrent les unes après les autres et leurs décombres sont entraînées par un irrésistible courant. La lave va submerger dans les jours suivants la partie ouest de la ville, les gens tentent de s’opposer à cette invasion de lave, construisent des barrages dérisoires, essaient d’enfermer le fleuve dans des impasses.
Le lac de Nicito, dont aujourd’hui ne reste que la mémoire attribuée au nom de la rue, qui relie la Piazza Santa Maria de Jésus avec la centrale Via Plebiscito, était près de l’arrondissement de Cibali, il est né vers 406 avant JC à la suite d’une éruption qui a balayé en pleine Catane, détournant le chemin de la rivière Amenano. Le lac avait une profondeur de 15 mètres et une circonférence de 6 km. Avec le temps, sur les rives du lac ont été construites nombreuses maisons de la noblesse, étendant ainsi les limites de la ville urbaine en direction du Nord-Ouest. Le lac a été entièrement recouvert par l’éruption du 1669, certainement la plus destructrice jamais enregistrée. La lave a coulé violemment sur le lac, l’effaçant dans l’espace de seulement quatre heures !
L’éruption s’arrête en juillet 1669. Au total, l’Etna aura émis un volume de cendres et laves estimé à 1,5 milliards de mètres cubes. A noter qu’après cette éruption, la loi Italienne va interdire, jusqu’en 1983, le détournement artificiel des coulées de lave. L’éruption excentrique diffère d’une éruption latérale par le mode d’alimentation. Le magma vient directement de la profondeur sans être relié avec la cheminée principale. Elle est caractérisée aussi par le calme du cratère central durant toute l’éruption : dans le cas de l’épisode 1669, le cratère central reste calme durant la majeure partie de l’éruption.
Le 25 mai, 74 jours après le début du paroxysme, le sommet de l’Etna s’effondre, phénomène accompagné de nombreux séismes. L’éruption de 1669 a vraisemblablement vidé un réservoir magmatique superficiel, présent depuis des décades, comme en témoigne la présence d’abondants cristaux centimétriques de plagioclase, retrouvés dans les laves entre 1600 et 1669. On appelle ces laves « cicirara « , traduisible par « poix chiches », à cause de l’aspect des cristaux. L’Etna ne produira plus de « cicirara » après 1669. De plus, le fréquence et la taille des éruptions de flanc va diminuer fortement pour environ 100 ans, avec seulement 4 évènements mineurs en 1689, 1702, 1755 et 1865. Il semble que le réservoir magmatique nourricier de l’activité intense du 17° siècle ait disparu et que ce système d’alimentation ait été perturbé.


Autore: Rando Etna


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